VÉGÉTALISER POUR LA BIODIVERSITÉ
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L’élevage est le premier responsable de l’effondrement de la biodiversité (Dudley and Alexander, Biodiversity, 2017)¹. En Europe, il est la cause de 78 % de la perte de biodiversité terrestre (Leip, Env. Res. Lett., 2015)². Si l’humanité toute entière adoptait une alimentation 100 % végétale, 155 000 espèces sauvages menacées d'extinction pourraient être sauvées dans les cent prochaines années.
Pourquoi ? Car l’élevage…
D’après une grande enquête menée dans la revue scientifique Nature Food, une alimentation carnée induit une perte de biodiversité trois fois supérieure à celle induite par une alimentation végétale. (Scarborough, Nat. Food, 2023)³. Végétaliser son assiette est également bon pour la planète, pour la santé et pour les animaux, alors qu’est-ce qu’on attend ?
L’ÉLEVAGE MODIFIE LES HABITATS...
L’élevage est grandement responsable des changements des habitats des animaux sauvages, tant pour le pâturage des animaux d'élevage que pour la production de leurs aliments. On estime que 85 % des oiseaux, des amphibiens et des mammifères sauvages menacés le sont à cause de la destruction, la fragmentation ou la dégradation des habitats.
Les activités d’élevage contribuent directement, par le surpâturage, à la désertification qui anéantit la biodiversité. Quant à la déforestation, elle impacterait environ 30 % des espèces d’oiseaux déjà menacées (Conservation Nature, 2021)⁴.
... ET ACCAPARE LES TERRES
En France, les « volailles » consomment plus de céréales que les Français !
On considère que 77 % des terres agricoles mondiales sont aujourd’hui dédiées à l’élevage ou à l'alimentation des animaux alors même que la viande n’apporte que 18 % des calories et 37 % des protéines consommées (Poore et Nemecek, Science, 2018)⁵. C’est un gaspillage considérable !
D'après le Conseil économique, social et environnemental, l’élevage occupe 70 % de la superficie agricole française (CESE, 2024)⁶.
Pourquoi la production de viande a-t-elle besoin de toute cette place alors que 80 % des animaux sont détenus en élevages intensifs dans des bâtiments fermés ?
Car les animaux mangent beaucoup ! Le rendement de l’élevage, même intensif, est en réalité extrêmement faible. Ainsi, sur une même unité de surface cultivée, on peut produire deux fois plus de protéines végétales que d'œufs, et vingt fois plus que de viande bovine (Shepon, PNAS, 2018)⁷.
D'après l'ADEME, l'empreinte sol moyenne d'un végétalien est de 1 200m² par an... et de 5 300m² pour une personne mangeant 170g de viande par jour ! (ADEME, 2020)⁸
L’ÉLEVAGE RÉCHAUFFE LA PLANÈTE
Les premières espèces menacées par le réchauffement climatique sont celles dans l’incapacité de migrer. A contrario, celles pouvant s’adapter en changeant leur mode de vie ou en migrant deviennent vite invasives, ce qui peut affecter considérablement les écosystèmes déjà existants et conduire à leur remplacement.
Or l’élevage contribue très directement au réchauffement climatique du fait des importantes émissions de Gaz à effet de serre (GES) qu’il rejette.
L’ÉLEVAGE POLLUE LES MILIEUX NATURELS
L'élevage rejette d’importantes quantités de nitrates et d’ammoniac. Il est donc responsable de la pollution, notamment des milieux aquatiques, dans des proportions très importantes. À cela s'ajoutent les rejets tels que les pesticides et les engrais liés à la culture d’aliments destinés à nourrir les animaux d'élevage qui polluent les sols et les eaux (Conservation Nature, 2021)¹⁰.
LA POLLUTION MENACE
LES HUMAINS DÉTRUISENT DIRECTEMENT LA BIODIVERSITÉ POUR L'ACTIVITÉ AGRICOLE
Depuis toujours, il existe de nombreux conflits entre les activités d’élevage, notamment en plein air, et les animaux sauvages. Une des causes de disparition des grands prédateurs comme les loups, les lynx ou les ours en Europe et les lions, les guépards ou les léopards en Afrique est la tuerie de masse des humains désirant préserver leur activité pastorale.
D’autres espèces, considérées comme des “réservoirs de maladies” pouvant contaminer les animaux d’élevage, font aussi régulièrement l’objet de campagnes d’extermination. C’est par exemple le cas actuellement des bouquetins dans le massif du Bargy, accusés de transmettre la brucellose bovine dans les Alpes, ou encore des sangliers à la frontière belge, potentiels transmetteurs de la grippe porcine africaine.
Pour protéger les activités pastorales et d’élevage, les humains n’hésitent pas à anéantir la biodiversité !
BOUQUETINS DU BARGY
Avec l’élevage, l’humain a profondément modifié les équilibres sur Terre et réduit la part des animaux sauvages à peau de chagrin.
En 1960, il y avait deux fois plus d’animaux d’élevage que la population mondiale... en 2015, il y en avait déjà huit fois plus ! (Flachowsky, Animals, 2017)¹¹ Dans le même temps, nous avons perdu 60 % des populations d’animaux sauvages soit un rythme cent à mille fois supérieur au taux naturel d'extinction ! (WWF, 2018)¹²
Aujourd’hui, vingt espèces d’animaux d’élevage tels que les vaches, cochons, chèvres, moutons… constituent 60 % de la biomasse des mammifères sur Terre ! L’humain en représente 36 % et les mammifères sauvages… seulement 4 % ! La situation est pire encore pour les oiseaux où les dix espèces d'élevage (poules, pintades, dindes...) représentent 70 % de la biomasse terrestre tandis que les oiseaux sauvages, soit 11 000 espèces environ, n’en représentent que 30 % (Bar-On, PNAS, 2018)¹³.
MAMMIFÈRES TERRESTRES
OISEAUX
On considère aujourd’hui les invasions biologiques comme une atteinte très sérieuse pour la biodiversité puisqu'elles mettraient en péril 30 % des espèces d’oiseaux déjà menacés, 11 % des amphibiens, et 8 % des mammifères. Or, avec de tels taux d’animaux d’élevage dans le total de la biomasse, on peut considérer que “nos” animaux d’élevage sont des espèces invasives. D’ailleurs, l’Invasive Species Specialist Group de l’IUCN les a catégorisés comme tels. Pourquoi ? Car les animaux d’élevage viennent directement concurrencer les ressources en eau ou en végétaux – dans le cas des herbivores – des espèces sauvages Un certain nombre de maladies sont également transmises des animaux d’élevage aux animaux sauvages, pouvant provoquer jusqu’à la disparition de certaines espèces. Par exemple, la question se pose aujourd’hui des menaces que font planer la grippe aviaire sur les oiseaux sauvages.
On rétorque souvent aux personnes qui adoptent une alimentation végétale de souhaiter voir les animaux disparaître, mais c’est tout le contraire : c’est bien l’activité d’élevage qui fait disparaître les animaux sauvages dans des proportions énormes !
ET LA PÊCHE DANS TOUT ÇA ?
En 2019, la FAO a estimé que 34 % des zones de pêches étaient déjà surexploitées (FAO, 2017)¹⁴. La disparition d’espèces marines a un impact sur toute la chaîne alimentaire et menace très directement la vie de leurs prédateurs.
L’impact de la pêche va au-delà des poissons “visés” puisque les prises accessoires, c’est-à-dire des animaux aquatiques qui meurent du fait de la capture d’une autre espèce, sont extrêmement nombreuses.
En moyenne, les captures accessoires représentent 27 millions de tonnes de poissons par an selon la FAO, sur 94 millions de tonnes de poissons pêchés (WWF, 2018)¹⁵.
© Soko Tierschutz.
© Soko Tierschutz.
Au-delà de la consommation de poissons pêchés et consommés directement par les humains, le secteur de l’élevage contribue aussi grandement à la surexploitation du milieu marin. En effet, la farine de poissons pêchés entre directement dans la composition de nombreux aliments pour les poules, les cochons ou les poissons d’élevage. D'après la FAO, en 2020, 20 millions de tonnes de poissons pêchés dans le monde ont été destinées à des usages non alimentaires, principalement pour fabriquer de la farine et de l'huile de poisson pour nourrir les animaux d'élevage (FAO, 2022)¹⁶.
[1] N. Dudley et S. Alexander, Agriculture and biodiversity: a review, Biodiversity, 18 (2–3), 45–49 (2017). ⬆
[2] A. Leip, G. Billen, J. Garnier et al., Impacts of European livestock production: nitrogen, sulphur, phosphorus and greenhouse gas emissions, land-use, water eutrophication and biodiversity, Environmental Research Letters, 10, 115004 (2015). ⬆
[3] P. Scarborough, M. Clark, L. Cobiac et al., Vegans, vegetarians, fish-eaters and meat-eaters in the UK show discrepant environmental impacts, Nature Food, 4, 565–574 (2023). ⬆
[4] Conservation Nature, Rôle de l’élevage dans la perte de la biodiversité (2021). ⬆
[5] J. Poore et T. Nemecek, Reducing food’s environmental impacts through producers and consumers., Science, 360, 987-992, (2018). ⬆
[6] CESE, Relever les défis de l’élevage français pour assurer sa pérennité, Journal officiel de la République française, A.-C. Vial et M.-N. Orain, p. 41, (2024). ⬆
[7] A. Shepon, E. Noor and R. Milo, The opportunity cost of animal based diets exceed all food loss, Proceeding of the National Academy of Science, 115, (15) 3804-3809 (2018). ⬆
[8] Ademe, Rapport “Empreintes sol, énergie et carbone de l'alimentation - Empreintes de régimes alimentaires selon les parts de protéines animales et végétales” (2020). ⬆
[9] C. Thomas, A. Cameron, R. Green et al., Extinction risk from climate change., Nature, 427, 145–148 (2004). ⬆
[10] Conservation Nature, Rôle de l’élevage dans la perte de la biodiversité, (2021). ⬆
[11] G. Flachowsky, U. Meyer et K.-H. Südekum, Land use for edible protein of animal origin—A review, Animals, 7 (3), 25 (2017). ⬆
[12] WWF, Rapport Planète Vivante 2018 (2018). ⬆
[13] Y. M. Bar-On, R. Phillips, and R. Milo, The biomass distribution on Earth, Proceedings of the National Academy of Sciences, 115, (25), 6506-6511 (2018). ⬆
[14] FAO – Processed by Our World in Data, Status of the World Fish Stock (2017). ⬆
[15] WWF, Pêche : mettre fin aux prises accessoires (2018). ⬆
[16] FAO, La Situation mondiale des pêches et de l’aquaculture 2022. Vers une transformation bleue. Rome (2022). ⬆